À souris culottée, chat patient

Elle dort à peine depuis deux heures quand, soudain, Hermione s'écrie :

- Bélisaire, réveille-toi, il y a une bête qui gratte.

- Ce n'est rien, ce sont les oiseaux dehors, lui répond celui-ci tout en dormant.

- Ce n'est pas dehors, c'est ici que cela se passe. Je t'en prie, va voir, poursuit l'entêtée.

Le bruit persistant, l'excitation d'Hermione est à son comble. Et face à l'inaction du mari, elle se lève. Elle veut en avoir le cœur net. Mais à peine met-elle pied à terre qu'une souris lui file entre les jambes. Réactive, elle actionne aussitôt ses cordes vocales et saute sur le lit pour secouer l'endormi. Celui-ci, encore dans les vapes, part quérir un balai. Et c'est donc bien armé qu'il réapparaît, éminemment prêt à terrasser l'ennemie.

- Cela vaut bien la peine d'avoir un chat, s'il s'avère incapable de nous débarrasser d'une souris, maugrée-t-il.

Il passe donc la moitié de la nuit à courir derrière une maudite bestiole qui visiblement le nargue. Quant à son épouse courageuse, mais non téméraire, elle attend, debout sur le lit, la fin heureuse de la poursuite. 

Pourtant, à l'heure où je vous écris, le souriceau trotte toujours. Et le chat, qui n'a pas fait son boulot, dort tranquillement du sommeil du juste. Il semble même sourire derrière ses moustaches devant l’agitation incompréhensible de ses maîtres.

« Parfois les hommes font beaucoup de bruit pour rien, songe-t-il, perplexe. Ils aiment aussi chercher la petite bête, mais ce n'est pas à un vieux singe comme moi qu'on apprend à faire des grimaces. Personnellement, j'attends qu'il grossisse un peu mon bel ami, le souriceau. »