Une romantique demande en mariage

Depuis des années, Cybèle asticote Tranquillin pour se marier avec lui. Mais celui-ci, sourd de surcroît, botte généralement en touche et trouve toujours d'excellentes raisons pour échapper à la mise en cage. Je vous les  livre ici en vrac :

- Pourquoi veux-tu absolument te compliquer la vie ? On n'est pas heureux comme ça ?
- Sais-tu ce que coûte un mariage ?
- As-tu pensé aux enfants ? Comment vont-ils prendre la chose ?
- C'est mon héritage que tu vises ?
- On aura l'air malin de se marier encore à nos âges !

Mais Cybèle est patiente, déterminée, et surtout presque pas obsédée par l'idée du mariage. Ne porte-t-elle pas continuellement au cou une alliance  achetée de ses deniers ?

Et son entêtement a fini par payer, puisque son amoureux grand penseur et petit diplomate s'est enfin décidé : 

- C'est bon, Cybèle. Tu veux te marier ? Pourquoi pas ? Eh bien, ce sera le 6 novembre, à 15 heures, à Sainte-Ambroisine. Ce sera comme ça et pas autrement. O.K. ?

Bizarrement, Cybèle a fait comme si elle n'avait rien entendu, plongeant ainsi l'homme tranquille dans une profonde perplexité. Et quelques jours plus tard, est apparue à son cou une seconde alliance. 

Avec ses batailles d'idées, ses conventions, ses conflits, ses menaces, ses victoires, ses capitulations, ses conquêtes… le vocabulaire de l'amour emprunte beaucoup à celui de la guerre. Ne trouvez-vous pas ? Et quand il est question de stratégie amoureuse, la meilleure défense est rarement l'attaque. Elle est où l'intelligence ? Elle est là.